LE PROLOGUE DE BEAUTE FATALE

  • Roseline Nkezabahizi
J
e me nomme Phillice Suarez. Je suis une espagnole, née d’une mère appelée Constanzia et d’un père prénommé Carlos qui n’est plus de ce monde. Je ne ressemble à aucun de mes parents. Je suis née avec une beauté extraordinaire. Je ne saurai me décrire tant tout le monde me trouve parfaite. Je suis pour ainsi dire un chef d’œuvre du créateur. J’ai une peau de pêche, de beaux yeux verts étirés, un nez parfait, une bouche pulpeuse à l’arc sensuel et des cheveux cuivrés qui me tombent dans le dos. Mes jambes, n’en parlons pas. Elles sont magnifiquement galbées. Je ne pense pas que Miss Monde fera le poids devant moi et pourtant, cela m’importe peu.
Bref ! Mon père était un grand représentant d’une prestigieuse entreprise. Il gagnait bien sa vie, dépensait peu et épargnait suffisamment d’argent pour m’assurer une bonne éducation et un bel avenir. Il mourut dans un accident de voiture alors que je n’avais que neuf ans, laissant ma mère Constanzia seule. Ma mère ne supportant pas la solitude, se remaria un an plus tard avec Camélio Jerez, un investisseur dans l’immobilier. Mon beau-père insista pour que ma mère m’inscrive dans un internat pour jeunes filles. Il craignait en effet que les hommes s’intéressent un peu trop à moi car il suffit de parcourir le centre de Madrid pour ressentir le dynamisme et la joie débordante de la capitale de l'Espagne : une ville accueillante et au caractère ouvert, où vivent des gens provenant des quatre coins du pays. Ses rues bouillonnantes de vie, dans lesquelles les commerces traditionnels côtoient les boutiques modernes des designers, bijoutiers et créateurs de mode, ainsi que les magasins des plus grandes marques internationales. Après vos achats, vous pouvez entrer dans l'un de ses authentiques bistrots et déguster ses tapas, ou encore profiter de l'animation de ses terrasses. Une ambiance joyeuse qui s'accentue le soir, lorsque les milliers de bars, discothèques, théâtres et salles de spectacle ouvrent leurs portes. Les possibilités de loisirs sont complétées par l'offre artistique de la ville, qui surprend par sa grande richesse architecturale et son vaste agenda culturel. Son héritage historique est immense, comme le montre le cœur le plus ancien de la ville, le beau quartier de la Maison d'Autriche, jalonné d'anciens palais, d'églises et de petites places tranquilles où l'on respire une atmosphère spéciale, transportant le voyageur à des époques révolues. On ne manquera pas non plus de parcourir la promenade du Paseo del Prado, où sont situées trois des plus grandes pinacothèques au monde : le Musée du Prado, le Thyssen-Bornemisza et le Musée National Centro de Arte Reina Sofía, qui recèlent des trésors d'une valeur incalculable. Ce que mon beau-père oublia, c’est combien les filles peuvent être méchantes entre elles. Ma trop grande beauté m’attira la haine de toutes les filles de l’internat. Je dus vivre à l’écart des autres. Camélio et ma mère voyageaient constamment. Mère commença à ne plus se soucier de moi. Elle clamait à qui voulait l’entendre que Camélio était l’ange descendu du ciel qui la faisait revivre. À plusieurs reprises, lorsque je dus rentrer à la maison du fait des congés, je restai plutôt avec les sœurs parce que « mes parents » n’étaient pas en place pour me recevoir. Le contact avec les sœurs me fit voir la vie autrement et je décidai qu’une fois le baccalauréat acquis, je deviendrai religieuse. Mes amies avec lesquelles je partageais la chambre d’internat n’y croyaient guère. Selon elle, une aussi belle fille comme moi ne tiendra pas deux minutes dans un couvant. Je travaillais dur pour atteindre mon objectif ; celui d’obtenir mon baccalauréat afin de pouvoir rentrer au couvent. Avant l’examen, j’appelai ma mère pour avoir sa bénédiction mais je tombai sur mon beau-père. Ce dernier me fit savoir qu’elle était en croisière et ne pouvait pas donc être joignable. Je raccrochai quelque peu triste et me refugiai dans la prière. Elle me fit le plus grand bien. Les épreuves se déroulèrent sans difficulté pour moi. Je fus admise à ma plus grande joie. Dans le car que j’empruntai pour me rendre à la maison, je fus surprise de voir comment les hommes me dévoraient du regard. Et pourtant, j’étais si sagement vêtue ! J’avais dix-sept ans. Lorsque je sonnai à la porte, ce fut Maïlé qui vint m’ouvrir. Maïlé est l’employée de ma mère. Elle poussa un cri de surprise en me voyant.
-Mademoiselle Phillice ! Quelle surprise ! Mon Dieu ! Comme vous avez grandie ! Mais que faîtes-vous ici ? Etes-vous au courant de ce qui est arrivé à votre mère ?
Je laissai tomber ma valise.
-Quoi ? Qu’est-il arrivé à ma mère ?
-Vous ne le savez donc pas !
-Quoi donc, Maïlé ? Parlez-donc ! fis-je en la secouant.
-Votre mère se trouve dans une clinique en ce moment. Son état est critique.
-Mon Dieu ! Que s’est-il passé ?
-Elle a eu une violente dispute avec monsieur, votre beau-père. Ensuite, elle a quitté la maison sous la pluie. Plus tard, monsieur a été prévenu qu’elle a eu un accident. Cela remonte à deux semaines.
-Seigneur ! Donnez-moi l’adresse de la clinique. Je m’y rendrai immédiatement.
-D’accord mais je viens avec vous. Vous ne connaissez pas suffisamment Madrid.
-J’irai en taxi.
-Voici l’adresse.
Une fois sur les lieux, j’explosai en voyant mon beau-père s’entretenir avec le docteur. Ce dernier sursauta lorsqu’il me vit. Il n’avait apparemment jamais vu une aussi jolie femme.
-Camélio ! criais-je, qu’as-tu fait à ma maman ? Pourquoi a-t-elle quitté la maison ?
-Phillice, mais que fais-tu ici, mon enfant ?
-Je ne suis pas ton enfant ! Pourquoi ne m’as-tu pas avertie de la situation ?
-C'est-à-dire que…
-Camélio, j’ai eu mon baccalauréat et juste au moment où je veux l’annoncer à ma mère, j’apprends qu’elle se trouve dans un état critique. Peux-tu imaginer ce que je ressens en ce moment ?
-Phillice, calme-toi. Nous devons parler mais pas ici.
-Je veux voir ma mère.
-Non, tu ne le peux pas.
-Pardon ? Es-tu en train de m’empêcher de voir ma maman ? m’offusquais-je.
-Je le fais pour ton bien. Je ne veux pas t’infliger plus de douleurs.
-Docteur, je suis l’unique enfant de madame Constanzia Jerez et je souhaite la voir.
-D’accord mais elle ne vous reconnaitra pas.
-Je ne comprends pas.
-Suite à l’accident qu’elle a eu, madame Jerez a passé trois jours dans le coma. A son réveil, elle ne se souvenait plus de rien. Nous avons fait des examens plus approfondis afin de voir ce qui n’allait pas et nous avons découvert qu’elle souffre d’une leuco-encéphalite qui a déjà abouti à un début d’Alzheimer.
-Quoi ? Je ne comprends pas.
-La leuco-encéphalite est une atteinte inflammatoire de la substance blanche des hémisphères cérébraux, entrainant des troubles neurologiques et une détérioration intellectuelle. Quant à l’Alzheimer, c’est une perte brusque de la mémoire. Il réduit le patient au stade d’un enfant à qui il faut tout apprendre.
-Dois-je comprendre que ma mère ne me reconnaitra plus ?
-En effet.
-Oh ! Mon Dieu ! fit-je en éclatant en sanglots, je ne peux pas le croire. Docteur, dîtes-moi que vous pouvez faire quelque chose !
-Mademoiselle, ces maux nécessitent des soins particuliers et couteux. J’ai conseillé à votre père…
-Beau-père ! rectifia-t-elle.
-D’accord. Je disais donc que j’ai conseillé à votre beau-père d’emmener votre mère aux USA plus précisément à New-York dans la clinique du docteur Mahon Bratman. C’est un spécialiste dans ce domaine et il pourra mieux la suivre.
-D’accord, mon beau-père s’en occupera. Veillez s’il vous plaît contacter le docteur Bratman pour lui en parler.
-D’accord.
-Attendez, je…
-Quoi encore, Camélio ? m’exclamais-je.
-Non, rien. Faîtes ce qu’elle vous a dit, docteur.
-J’insiste tout de même pour voir ma mère.
-D’accord, venez avec moi !
 
-Maman, ma petite maman chérie, c’est moi Phillice.
-Phillice ? Qui êtes-vous ?
-Oh ! Maman, c’est moi ta fille !
-Je n’ai pas de fille. Vous êtes très jolie. Mais pourquoi pleurez-vous ?
-Maman, je te jure que tu guériras. Je ferai tout pour que tu retrouves la mémoire. Camélio et moi, nous battrons pour que tu te rétablisses. Je t’en fais la promesse.
-Qui est malade ?
-Oh ! Seigneur ! fit-je avant de sortir de la chambre. Elle ne sait même pas qui je suis.
-Je suis désolé, Phillice. J’ai voulu t’éviter de vivre cela mais tu t’es entêtée !
-Camélio, réserve s’il te plaît, un billet d’avion pour moi. J’irai aux USA avec maman.
-Je crains que cela ne soit pas possible.
-Pardon ? Et d’ailleurs, qu’as-tu fait pour que ma mère ait voulu quitter la maison ?
-Je t’expliquerai tout, mais pas ici. Rentrons à la maison, veux-tu !
-Comment puis-je te faire confiance ?
-Si tu tiens à la guérison de ta mère, tu ferais mieux de me suivre et de faire tout ce que je te dirai.
Je capitulai. Une fois à la maison, Camélio m’entraina dans son bureau et referma la porte avant de dire :
-Ta mère s’est disputée avec moi parce que je lui ai avoué que ma société est en faillite. J’ai dû hypothéquer la maison pour pouvoir faire face à de nombreuses dettes et j’ai aussi utilisé l’argent de notre compte commun dans le même but. Nous sommes donc ruinés.
-Quoi ? Tu as dilapidé l’argent que mon père m’a laissé ! J’avais pourtant supplié ma mère de ne pas toucher à cet argent.
-Non ma chérie. J’ai fait des spéculations qui ne m’ont pas réussi.
-Tu es une sale ordure ! Comment ma mère a-t-elle pu t’accorder sa confiance au point de te remettre l’argent que m’a laissé mon père ? explosais-je.
-Phillice, ça suffit ! J’ai merdé, je l’avoue. Mais nous pouvons toujours faire quelque chose pour sauver ta mère et nos biens.
-Vraiment ? Quoi donc ? Dis-moi quelle brillante idée as-tu !
-Phillice, tu es une jeune fille irrésistible et tu peux te servir de cet atout pour sauver ta mère.
-Comment ? Je ne comprends pas.
-Voyons Phillice, réfléchie ! Avec ta beauté exceptionnelle, tu peux conquérir le cœur de nombreux hommes riches. Aucun homme, absolument aucun homme ne pourra résister à ton charme. Tu devras juste les séduire, leur demander des chèques consistants après avoir passé la nuit avec eux. Ainsi, nous aurons l’argent nécessaire pour payer le transfert et les soins de ta mère. Quant à moi, je m’engagerai à nous sortir de ce gouffre financier. . Penses-y ma fille ! Penses-y !
Je lui assenai une gifle tant je tremblai de fureur.
-Tu es fou ! Comment oses-tu penser que j’utiliserai mon corps à de telles fins ? Il est hors de question que je me prostitue ! m’exclamai-je, outrée. Jamais, oh grand jamais, je ne tomberai aussi bas !
-Je comprends que cela te choque mais c’est la voie la plus facile et rapide pour avoir les millions qu’il nous faut pour sauver ta mère.
-Tu ne peux pas me comprendre. Je veux devenir none.
-Ne sois pas folle ! Dieu ne peut pas t’avoir créée si jolie pour que tu rentres au couvent ! Réfléchie ma fille ! Réfléchie bien !
-C’est tout réfléchi. Cherche une autre solution.
-Constanzia n’est que mon épouse or toi, c’est ta mère. Je peux toujours divorcer mais toi, tu devras la supporter toute ta vie avec son handicap. Réfléchie bien ma jolie !
-Salaud ! Je te déteste ! Je te hais ! fis-je avant de m’effondrer, véritablement en pleurs.
-Je suis désolé, ma chérie. Je suis vraiment désolé. Crois-moi, s’il y avait une autre solution, je te la ferai savoir. Hélas ! dit-il avant de sortir de la pièce.
Je fondis en larmes. J’étais anéantie. Pour moi, la vie venait de s’arrêter. Jamais je n’avais cru que je serai confrontée à un tel dilemme. Camélio était vraiment un homme sans scrupule. Je ne sais pas combien de temps je restai là, à pleurer mais à un certain moment, je sentis qu’on me touchait à l’épaule et je sursautai. C’était Maïlé.
-Mademoiselle Phillice, pourquoi pleurez-vous ?
-Je suis brisée Maïlé, je suis totalement brisée !
-Monsieur vous a-t-il fait mal ?
-Il m’a anéantie, Maîlé !
-Ecoutez, monsieur est sorti. Que puis-je faire pour vous aider ?
-Tu ne peux rien faire, Maïlé. Je… Je vais me coucher car j’ai besoin de faire le vide dans ma tête.
-Bien mademoiselle. Je vous en prie, appelez-moi si vous avez besoin de quelque chose.
-Je n’ai besoin que d’une chose Maïlé, de la sagesse du roi Salomon.
-Oh ! Mademoiselle !
Toute la nuit, je ne fermai pas l’œil. J’aime ma mère mais jamais je ne pourrai souiller mon corps. J’étais sûre qu’elle s’y opposerait si elle avait les sens normaux. Non ! Je n’accepterai pas la proposition de Camélio. Ma décision était prise. Mais les choses ne se passèrent pas ainsi. En effet, lorsque je descendis le lendemain au salon, je surpris une conversation téléphonique de mon beau-père. Il disait exactement ceci :
-Non docteur, cela ne sera pas possible. Ma belle-fille et moi avons longuement réfléchi et nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne pourrons pas faire face à tous les frais une fois aux USA. Oui, nous n’avons pas…
Je ne sais pas ce qui me pris mais je courus vers mon beau-père et lui arrachai le combiné des mains, le laissant sans voix.
-Allô docteur, ici mademoiselle Suarez. Ne prêtez pas attention aux propos de mon beau-père. Il est si triste qu’il ne sait plus ce qu’il dit. Nous sommes bien évidemment d’accord pour son transfert aux USA. A ce propos, qu’en est-il ? Avez-vous pu contacter le spécialiste ?
-Oui. Le docteur Mahon Bratman m’a assuré qu’il la suivra personnellement. Son transfert se fera donc dès que nous aurons votre assentiment.
-Bien docteur. Commencez les démarches car dans trois jours, nous vous verserons un acompte.
-Bien mademoiselle Suarez.
-Docteur, donnez-moi votre parole que ma mère retrouvera ses facultés.
-Vous avez ma parole. Le docteur Bratman est passé maître dans ce genre de cas.
-Ok, bonne journée docteur.
-Merci. À vous aussi.
-Phillice ! fit Camélio une fois que j’eu raccrochée, qu’est-ce qui t’a pris de…
-Nous n’avons pas de temps à perdre, Camélio. J’ai exactement trois jours pour trouver l’argent du transfert de maman. Par quoi commençons-nous ?
-Eh bien… fit-il hébété.
-Remue-toi Camélio ! Nous n’avons pas de temps à perdre.
Ce dernier ne cacha pas sa joie. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il prévoyait utiliser une bonne partie de l’argent que je lui ramènerai pour régler ses dettes et remettre ses affaires sur pieds.
Il m’emmena chez une esthéticienne qui après de nombreux soins, me métamorphosa en une déesse de la beauté. Mon beau-père en bavait d’admiration. Il m’emmena dans une boutique de vêtements huppés et m’acheta plusieurs tenues sexy. Ce fut ensuite le tour des chaussures à talons fins et de parfums capiteux. Lorsque je lui demandai où il avait trouvé tout cet argent, il me répondit que c’était son dernier fond et qu’il comptait sur moi pour le récupérer. Camélio m’apprit à fumer le cigare, à mâcher le chewing-gum comme une putain. Il me fit intégrer des clubs pour riches. La première fois que je mis les pieds dans un bar en plein Madrid, je failli provoquer une bagarre car tous les hommes présents voulurent m’approprier. En moins de quelques secondes, je me fis de nouveaux contacts dans la gent masculine. Aucun homme ne résista à ma beauté. Ils étaient prêt à débourser des millions pour avoir ne serait-ce qu’un dîner avec moi. Je commençai à crouler sous les cadeaux : bijoux de valeur, chèques approvisionnés, robes de hautes coutures… Je ne manquai de rien. En moins de trois jours, je devins une véritable experte en séduction. Le troisième jour, je remis une somme d’argent consistante au docteur. Mon beau-père n’en revint pas. Je me présentai aux hommes sous un faux nom ‘’Lady Carla’’. J’apparaissais dans un endroit un soir et dès que j’obtenais l’argent que je voulais, je disparaissais pour aller dans un autre endroit. Je revendais les cadeaux que me donnaient ces hommes pour obtenir plus d’argent. Je les aguichais, les faisais boire au maximum et disparaissais. Je tenais tellement à ma virginité que je ne couchai point avec l’un d’eux. Chaque fois que je devais passer dans le lit d’un homme, je prétextais une maladie sexuellement transmissible et changeais d’adresse et de contact téléphonique. L’endroit où je vivais restait un mystère pour eux. La clinique où se trouvait ma mère coutait excessivement chère. Mon beau-père s’étant rendu aux USA avec ma mère, il me fit savoir qu’il fallait encore et toujours plus d’argent. Je devins une fille sans sentiment, habitée par le désir de sortir ma mère de cette maladie et donc, de dépouiller les hommes de leur argent. Je devins beaucoup plus exigeante avec ceux que je rencontrai et j’expédiai tout l’argent que je recevais à mon beau-père. Ce dernier entre temps, l’utilisait à des fins personnelles sans que je ne le sache et demandait toujours plus. Six mois plus tard, je décidai de me rendre aux USA pour voir ma mère. Je ne prévins pas Camélio. Lorsque je rencontrai le docteur Bratman et qu’il m’annonça que nous devons trois millions, je failli m’évanouir. Camélio m’avait trahie. Je suppliai le docteur de toujours s’occuper de ma mère et qu’une fois en Espagne, je réglerai la facture. Il accepta et je crois même que mon charme lui fit de l’effet car il m’annonça que désormais, je payerai seulement les soins médicaux. La facture d’hospitalisation, il s’en chargerait. Je le remerciai. J’eu une violente dispute avec Camélio et lui fis savoir que désormais, il ne recevrait plus un centime de ma part. Il me supplia de lui accorder une dernière chance. J’acceptai car je voulais quelqu'un auprès de ma mère. De retour à Madrid, je repris les habitudes de ‘’Lady Carla’’. Ce fut alors que je rencontrai Lewis Henares lors d’un cocktail. Ce jour là, je connus ce que c’est que d’être amoureuse d’un homme. Lewis Henares fit battre mon cœur. Je me sentis irrésistiblement attirée, comme hypnotisée par la courbe de son cou puissant, par la largeur de ses épaules et de sa poitrine d’homme dont les muscles saillaient sous la chemise près du corps qu’il portait. Lewis possédait un sourire malicieux qui éclairait son visage d’une beauté insolente. Il avait des cheveux noirs bouclés et ses mains étaient carrés et extrêmement soignées. Il respirait un havre de paix. Sa seule présence arrivait à me réconforter. Lui également tomba sous mon charme. Lorsqu’il posa les yeux sur moi, il m’aima instantanément et se jura intérieurement de faire de moi son épouse. Lewis Henares était un propriétaire foncier et diplômé de grandes universités. Il détenait aussi une entreprise d’import-export dont la publicité n’était plus à faire. Camélio m’avait prévenue que je ne devais avoir aucun sentiment pour les hommes qui m’approchaient mais avec Lewis, je ne pus agir ainsi. Tout mon être entier l’aima. Nous vécûmes une magnifique histoire d’amour. Pas une seule fois, Lewis ne me proposa de faire l’amour avec lui. Ma présence lui suffisait. Je cessai même de rencontrer les autres hommes par amour pour lui. Lorsque je lui demandai trois millions, il me l’accorda sans même me demander ce que je comptais en faire. Je réglai donc la dette de la clinique. Il me combla de nombreux cadeaux et de sommes consistantes d’argent. Désormais, lorsque j’obtenais de l’argent, je remettais la moitié de la somme à mon beau-père pour les soins de ma mère et l’autre moitié, je l’investis dans des actions et obligations en bourse, des fonds communs de placement et dans l’immobilier à l’insu de celui-ci. Je devins donc riche sans même travailler. Camélio pensait que je faisais du commerce de sexe avec ces hommes. Je ne le détrompai pas. C’était pourtant faux... Je rêvais trop du jour où je serai mariée à un homme bon à qui j’offrirai ma virginité. Je croyais énormément en Dieu pour avoir fait le collège chez les sœurs. Pour moi, cet homme ne pouvait être que Lewis Henares. Pour lui, j’étais prête à ne pas entrer au couvent. Lewis fut le premier homme à m’offrir une voiture. Il s’agissait d’une Bugatti Veyron gris argent. Ce même jour, il me demanda en mariage avec une bague en diamant. Je lui dis oui sans hésiter et lui demandai de me donner le temps de pouvoir en parler avec mon beau-père. C’est toute ému que je m’ouvris à ce dernier lors d’une conversation téléphonique. À ma grande surprise, il rentra dans une colère noire et rétorqua que ce n’était pas le moment d’accepter ce genre de proposition. Selon lui, je devais d’abord penser à l’état de santé de ma mère. Si je m’entêtais, il ne m’accorderait point sa bénédiction. La vérité, c’est qu’il craignait que le mariage fasse disparaitre ‘’Lady Carla’’, la poule aux œufs d’or. Je pleurai longtemps. Comment pourrais-je me séparer de l’amour de ma vie ? J’eu peur d’avouer ma double vie à Lewis. Je me braquai et continuai mes fiançailles avec Lewis. Ce dernier me confia qu’il était impatient de m’épouser car il lui était difficile de continuer à me fréquenter sans pouvoir partager mon lit. J’étais heureuse de rencontrer un tel homme, qui était prêt à faire les choses comme il le faut. Le jour de ma rencontre avec mes futurs beaux-parents, je reçus un coup de fil de mon beau-père. Ce dernier m’annonça que ma mère s’était échappée de la clinique par un moment d’inadvertance. En effet, cette dernière se sentant mieux, avait décidée de prendre l’air dans le jardin et lui avait demandé d’aller lui chercher un thé. À son retour, elle n’y était plus. Effrayée, je sautai dans le premier avion à destination de New-York. Le docteur Bratman était dans tous ses états. Une telle situation ne s’était jamais produite. Deux jours plus tard, ils retrouvèrent Constanzia dans une ruelle et la firent interner. Selon Camélio, c’était le doigt de Dieu. Il me donnait un avertissement pour avoir voulu reléguer ma mère au second plan. Je me dis qu’il avait raison car j’aurai pu la perdre. Je demeurai pendant un bon moment auprès de ma mère sans pour autant oublier Lewis. Mon cher Lewis ! Mon adorable Lewis ! Celui-ci entre temps avait été la risée de sa famille. Il se rendit à l’appartement que je lui avais indiqué et fus surpris d’apprendre qu’il n’existait aucune Carla Suarez à cet endroit. Il se dit que je m’étais jouée de lui et que je ne l’avais jamais aimé. Il sombra dans la dépression. Il refusa de s’ouvrir à qui que ce soit et s’envola pour une destination inconnue. Il y passa deux mois. Il dut par la suite revenir car ses parents moururent dans un accident de voiture. Il me détesta encore plus pour ne pas avoir rencontré ceux-ci et noya son chagrin dans le travail. Même à son meilleur ami, il refusa de s’ouvrir sur ses fiançailles avortées. Respectueux de la souffrance de son ami, il préféra ne pas l’interroger davantage, attendant patiemment le jour où il voudrait bien se confier. Lorsque je reviens trois mois plus tard en Espagne, je voulus renouer avec Lewis mais le courage me manqua. Si seulement j’avais su tout ce qu’il avait enduré par ma faute, j’aurai bravé la peur et me serrai jetée dans ses bras pour le consoler. Je quittai Madrid et allai m’installer à Barcelone. Barcelone est une ville avant-gardiste et cosmopolite, où le design et les nouvelles tendances sont en permanences à l’ordre du jour, que ce soit dans les commerces, l’agenda culturel, les bars ou les restaurants. C’est une ville de contrastes : mer et montagne, progrès et particularisme. Une métropole moderne, mais aussi fière de son histoire, de son passé et de ses traditions. Cette ville olympique en évolution permanente, très consciente de ses racines, possède sa propre personnalité, qui enchante touts ceux qui la connaissent. Le bleu de la Méditerranée et le vert de Tibidabo et de Montjuïc, la lumière des rues et des avenues, l’activité commerciale, le port et les rues étroitures de la vieille ville, confèrent à Barcelone une saveur unique. Pour sentir une atmosphère si particulière, une jolie promenade à la Rambla jonchée de kiosques à fleurs, de terrasses et de statues vivantes qui vous séduiront dès les premiers instants. Ce caractère s’étend jusqu’au quartier du Barri Gotic, parsemé de places, de palais, de temples et de rues médiévales dans lesquelles le temps semble arrêté. Bien entendu, on ne saurait repartir sans admirer l’œuvre du génial architecte Gaudi, un héritage unique au monde, comme le temple de la Sagrada Familia, la Casa Milà ( La Perdredra), sur le grand boulevard du passeig de Gracia ou encore le Parc Güell. Autant de merveilleuses œuvres d’art qui reflètent comme peu d’autres l’esprit de la capitale catalane.
Je changeai même de coupe de cheveux pour ne pas que l’on me reconnaisse. Devant à nouveau faire face aux frais médicaux de ma mère, je me fis appeler ‘’Miss Kendra’’ et me mis à séduire les hommes riches que je rencontrai. Une année s’écoula. Ma mère commençait à mieux se porter. Mon beau-père revint en Espagne pour prendre les rennes de son entreprise. Dans la même période, je rencontrai Juan Tamaro, un concessionnaire qui mourait d’amour pour moi. Il me donnait fréquemment de l’argent et m’offrit une luxueuse Berline de grosse cylindrée que je vendis avant de placer cet argent dans des actions en bourse. Juan se comportait comme un obsédé. Au départ, j’en riais, croyant que cela lui passerait mais lorsque je découvris qu’il me faisait suivre continuellement, je pris peur et me refugiai au Portugal sans laisser de trace. Plus tard, j’appris qu’il avait sombré dans la folie. Je me dis que j’étais allée trop loin cette fois.
Un beau matin, j’appelai mon beau père et lui annonçai mon intention d’arrêter cette double vie. J’avais désormais de quoi assumer les soins médicaux de ma mère. Camélio voulut savoir ce qui me motivait à raccrocher. Je lui expliquai que j’avais fait la rencontre d’un homme prénommé Juan et que ce dernier avait fini par être obsédé par moi au point où je dus m’enfuir et m’installer ailleurs. Par la suite, j’appris qu’il avait sombré dans la folie. Apeurée, je me jurai de ne plus continuer sur cette voie. Camélio explosa de colère et me traita de faible mais je restai sur ma décision.
Avec l’argent et les biens dont je disposais, je m’occupai de ma mère. Le docteur m’apprit que très bientôt, ma mère rentrera en Espagne car elle était sur la voie de la guérison. Heureuse, je voulus rentrer au couvant mais mon amour pour Lewis était toujours aussi grand. Je me mentirai en devenant religieuse. La preuve en est que jusqu’à ce jour, je n’ai pas pu me défaire de tous les cadeaux que Lewis m’a offerts. Un jour, j’écrivis une lettre à Juan pour implorer son pardon. Je la lui fis parvenir avec un bouquet de fleurs. Je lui promis même dans la lettre de lui restituer tout ce qu’il m’avait donné. Mais je ne reçus aucune réponse de lui. Quant à Lewis, je ne le contactai jamais de peur de réveiller sa douleur. Je priais plutôt pour qu’il me pardonne un jour pour tout le mal que je lui avais fait endurer.
Un jour, je fus surprise de recevoir le chèque que j’avais adressé au docteur Bratman pour les soins de ma mère. Je l’appelai et fus surprise de l’entendre me dire que ma mère avait été libérée voici un mois. Il parut fort surpris que je ne le sache pas. Ébahie, j’appelai mon beau-père. Il me confirma les dires du docteur. Je voulus parler à ma mère mais il me raccrocha au nez. J’essayai de le joindre sans succès. Je décidai de rentrer en Espagne. C’est toute heureuse que je me rendis à la maison familiale. Quelle ne fut ma surprise d’entendre Maïlé m’annoncer que je n’avais plus le droit d’y mettre les selon les ordres de ma mère ! J’insistai tant et si bien que Maïlé me laissa entrer. Camélio s’apprêtait à se rendre au travail. Lorsqu’il me vit, il sourit et dit :
-Tu vas regretter d’avoir mis un terme à notre business.
Sur ces mots, il s’en alla. J’entrai dans le salon et vis ma mère en train de lire le journal. Heureuse, je courus l’embrasser.
-Maman ! Cela me comble de joie de te voir en si bonne santé ! Mon Dieu ! Maman, je suis si heureuse que tu sois de retour parmi nous !
À ma grande surprise, ma mère me repoussa violemment.
-Mais maman, pourquoi…
-Je ne veux plus te voir chez moi ! cria-t-elle. Tu n’es qu’une prostituée ! Une trainée ! Comment as-tu pu vendre ton corps pour me sauver la vie ? Camélio m’a tout raconté. Le pauvre ! Il a tellement souffert de ta conduite ! Tu as fait de moi la risée de cette ville. Tout le monde sait que je dois le retour de ma mémoire à ta prostitution.
-Non maman ! Jamais je ne…
-Tu oses nier ! Où as-tu eu ces beaux vêtements ? À ce que je sache, Camélio était ruiné ! D’où viennent ces biens que tu as acquis ? Tu n’as que vingt et un ans et pourtant, tu as payé ma facture d’hôpital qui s’élevait à des millions. Qu’as-tu à dire pour ta défense ?
-Maman, je…
-Crois-moi, il aurait mieux valu que tu me laisses dans l’état dans lequel j’étais car je n’ai plus de dignité à présent. Dresse-moi la liste de tous les hommes que tu as fait souffrir car je dois implorer leur pardon et si possible leur restituer ce que tu leur as volé car les affaires de mon époux marchent à merveille à présent.
-Maman, je t’en prie, écoute-moi ! C’est Camélio qui m’a poussé à…
-Comment oses-tu ? Sors de chez moi ! Sors définitivement de ma vie ! Désormais, tu es morte et enterrée pour moi.
J’éclatai en sanglots et m’agrippai à la jupe de ma mère.
-Tu me fais mal, maman. S’il te plaît, ne me rejette pas ! J’ai consenti à tellement de sacrifices pour toi ! Je ne le mérite pas.
-Maintenant, tu veux me rappeler ce que je te dois ! Ma chère, je ne t’aie jamais obligé à te prostituer pour me sauver. Fous le camp d’ici !
Dépitée, je me rendis dans l’entreprise de Camélio et le suppliai de révéler la vérité à ma mère mais il refusa. Je lui fis savoir qu’un jour, il payera cher le mal qu’il m’avait fait. Il me rit au nez.
Je me tournai vers les amies de ma mère pour implorer leur aide, ce qu’elles acceptèrent mais ma mère leur opposa un refus catégorique de les écouter. Elle alla même jusqu’à me dénigrer à leurs yeux et demanda des messes à l’église pour implorer la miséricorde de Dieu sur ma vie. Ma mère refusait de prendre mes appels téléphoniques. Après de vaines tentatives de réconciliation, je me retirai à Séville où je refis ma vie. Située au sud du pays en Andalousie, Séville regroupe un ensemble architectural et artistique incomparable. Je souffrais énormément de savoir que j’ai perdu la confiance de ma mère mais que pouvais-je faire ? Toutes les preuves m’accablaient !
LE PROLOGUE DE BEAUTE FATALE
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