Chapitre 1 de Destins liés:

  • Roseline Nkezabahizi

CHAPITRE 1 :

Héliana ouvrit péniblement les yeux. Elle vit un homme vêtu d’une blouse blanche, penché sur elle.

-Où suis-je ? demanda-t-elle faiblement.

-Dieu soit loué ! Vous êtes enfin de retour parmi nous. Votre famille est ici. Pas un jour ne passe sans qu’elle ne vienne prendre de vos nouvelles. Figurez-vous que vous avez passé une semaine dans le coma.

-Dans le coma dîtes-vous ? Que m’est-il arrivé ?

Pris d’un soupçon, le docteur l’observa attentivement et lui demanda ensuite :

-Comment vous appelez-vous ?

Héliana marqua un long moment avant de répondre :

-Héliana. Je m’appelle Héliana.

-Quel est votre patronyme ?

-Mon…patronyme ? Je… Je ne sais pas.

-D’où venez-vous ?

-Je ne sais pas ! dit-elle, en éclatant en sanglots. Que m’est-il arrivé ? Aïe ! J’ai horriblement mal au crâne, fit-elle, en portant la main à sa tête. Que signifie ceci ? Pourquoi m’avez-vous bandé la tête ?

-Chut ! Du calme, jeune fille. Il n’est pas dans votre intérêt de vous agiter après l’opération que vous avez subie.

-Une opération dîtes-vous ?

-Oui, vous avez eu une sérieuse fracture au niveau de la voûte crânienne. Nous avons dû procéder à une opération pour ôter la pierre qui s’y était enfoncée. Mais ne vous inquiétez pas. Le pire est passé.

-Je… Je…

-Héliana, vous êtes trop agitée. Je vais vous injecter un sédatif. À votre réveil, vous serez plus apte à rencontrer votre père et votre sœur. Faîtes-moi confiance. Tout ira bien.

-J’ai donc une famille ? fit-elle surprise.

Il acquiesça. Deux minutes après, elle s’endormit. Il ne put s’empêcher de penser intérieurement :

« Quelle beauté ! A coup sûr, elle fera des ravages à sa sortie de clinique. »

Il sourit et s’adressa à l’infirmière qui venait d’entrer :

-Elisa, demandez au réceptionniste de contacter monsieur Bélizario. Qu’il passe me voir le plus tôt possible.

-Bien, docteur Ramirez.

Ce dernier poussa un soupir. Il n’aimait pas du tout ce qui était en train de passer.

*****

-Aïe papa ! Jamais je ne me pardonnerai s’il lui arrive malheur. Je lui dois tout, absolument tout, dit Florencia en se cramponnant au bras de celui-ci alors qu’ils montaient voir le docteur.

-Ne sois pas pessimiste, ma puce. Elle s’en sortira.

-Je l’espère.

-Ce que je crains par contre, c’est qu’elle dise au docteur qu’elle ne nous connaît pas. N’oublie pas que j’ai dû remplir le formulaire comme s’il s’agissait de ma fille pour qu’il prenne grand soin d’elle.

-Quand je pense que je t’ai entraîné dans cette histoire ! J’étais désespérée. Je ne pensais qu’à sa santé.

-Tout ira bien, dit Théodakis sans trop de conviction.

Le docteur Ramirez les accueillit avec beaucoup de chaleur ; ce qui les rassura. Tout de suite, il entra dans le vif du sujet :

-J’ai deux nouvelles à vous annoncer. L’une est bonne, l’autre mauvaise. Par laquelle préférez-vous que je commence ?

-La bonne ! répondirent-ils en chœur.

-Eh bien, votre fille est sortie du coma. Elle est enfin de retour parmi nous.

-Dieu soit loué ! s’écrièrent-ils. Pouvons-nous la voir ?

-Oui mais je souhaiterai vous apprendre d’abord la mauvaise nouvelle.

-Que se passe-t-il, docteur ? demandèrent-ils, inquiets.

-Votre fille souffre apparemment d’une amnésie partielle due au traumatisme crânien qu’elle a subi.

-Quoi ?

-S’il vous plaît, gardez votre calme et écoutez-moi ! L’amnésie dont elle souffre est temporaire. Je pense qu’elle retrouvera la mémoire avec le temps. Elle m’a dit s’appeler Héliana mais c’est tout. Elle a même oublié s’appeler Bélizario. De plus, elle ne se souvient pas de vous.

-Oh non ! fit Florencia, tout est de ma faute !

-Ne vous culpabilisez pas, jeune fille. Votre sœur est une battante. Elle retrouvera la mémoire un jour, c’est certain.

-Que pouvons-nous faire, docteur ?

-Monsieur Bélizario, je propose que vous la combliez de beaucoup d’amour et que vous la fassiez suivre le plus tôt possible par un psychologue. Lui pourra mieux l’aider. Pour ma part, je lui prescrirai quelques médicaments pour revitaliser sa mémoire.

-Bien entendu, je m’en occuperai. Sans elle, je ne sais pas ce que ma petite Florencia serait devenue, dit-il en échangeant un regard complice avec sa fille qui lui sourit en retour.

-Et sa mère ? L’avez-vous avertie de la situation ?

-Sa mère est décédée. Héliana est venue vivre avec nous après le décès de cette dernière.

Le docteur hocha la tête, compréhensif.

-Pouvons-nous la voir maintenant ? demanda Florencia.

-Oui mais, je propose que vous rentriez d’abord. C’est votre sœur aînée. Je pense qu’elle sera plus à l’aise en votre compagnie. Ensuite, votre père pourra vous rejoindre.

Ils se levèrent. Quelques minutes après, Florencia frappa à la porte de la chambre qu’occupe Héliana. Comme elle n’obtint aucune réponse, elle se décida à rentrer.

-Coucou ! J’espère ne pas te déranger ! dit-elle, en allant s’asseoir auprès d’elle en souriant.

Héliana l’observa attentivement. Il lui semblait l’avoir déjà vue quelque part. Mais où exactement ? Elle n’aurait su le dire. Florencia portait une jupe noire qui lui arrivait aux genoux et un corsage bleu aux fines bretelles. Elle chaussait des talons hauts et avait retenu ses cheveux en arrière par une barrette. A son tour, elle se mit à observer Héliana. Elle reconnut qu’elle était divinement belle. Malgré son état, il se dégageait d’elle une telle séduction qu’elle trouva injuste qu’elle perde aussi facilement la mémoire. En effet, bien qu’étendue, on devinait qu’elle était grande et légèrement mince. Ses longs cheveux noirs brillaient comme de la soie. Son teint cuivré et lumineux ainsi que ses yeux fendus en amande de même que sa bouche parfaitement dessinée feraient pâlir de jalousie la gent féminine. Quant aux hommes, vu sa silhouette sculpturale, il était certain qu’ils en baveraient.

-Qui êtes-vous ? demanda brusquement Héliana.

-Je m’appelle Florencia Bélizario. Mon père est juste à côté. C’est un styliste de renom qui confectionne même les tenues de la première dame. Il détient une très grande agence de mannequinat. Je l’aide dans sa tâche en ce qui concerne le suivi des filles et la gestion de son entreprise. Avant, lorsque je vivais au Mexique avec ma mère, je l’aidais également dans sa galerie en vendant des tableaux de valeurs.

-Tes parents ont divorcés ?

-Oui mais je pense qu’ils se remarieront un jour parce qu’ils s’aiment encore même s’ils le cachent très bien.

-Comme c’est beau d’entendre parler d’amour ! Au fait Florencia, merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Je suppose que tu t’es chargé des frais de la clinique.

Florencia éclata de rire.

-Non, c’est plutôt mon père qui s’en occupe. Mais tu n’as pas à nous remercier. C’est nous qui te devons tout. Sans toi, Dieu seul sait ce que je serai devenue.

-Je ne comprends pas. D’ailleurs, le docteur m’a dit que ma famille est ici. Puis-je la voir ?

Florencia marqua une pause et dit :

-Nous nous sommes fait passer pour ta famille parce qu’il y avait un formulaire à remplir et que nous ne savions rien de toi.

-Je comprends. Mais, que disais-tu tantôt ?

-Comment te l’expliquer ? Tu sais Héliana, je suis un peu folle. Mon père m’a toujours dit de ne pas fréquenter certains endroits à des heures tardives mais je ne l’écoute pas. Je ne supportais plus d’être autant surveillée mais après ce qui s’est passé, j’ai pris la résolution de rester aussi sage qu’une image. Pour revenir à ce fameux soir où nous nous sommes rencontrées, j’ai été agressée par un lascar musclé à souhait. Je ne sais pas ce que je serai devenue sans ton aide. Tu as fait preuve d’un grand courage en lui envoyant ton poing à la figure.

Héliana éclata de rire.

-J’ai vraiment fait cela ?

-Oui, confirma Florencia en riant à son tour. L’homme a pris peur et s’est enfui. Dans la précipitation, il t’a pratiquement jetée sur la chaussée et ta nuque a heurté un pavé. Le choc a été si violent que tu t’es non seulement évanouie, mais encore, tu saignais abondamment. Avec l’aide d’un monsieur, je t’ai conduite à la clinique ‘’Del Bosque’’. Elle coûte certes chère mais c’est la meilleure clinique de Bogotá. J’étais sûr qu’ils prendront grand soin de toi et j’ai rempli le formulaire avec mon patronyme. Tu as passé une semaine dans le coma après ton opération qui s’est quelque peu compliquée. Mon père et moi, étions vraiment inquiets pour toi. Nous veillerons à ce que tu ne manques de rien et que tu retrouves la… mémoire avant que tu ne retournes en famille.

-Pardon ? Que viens-tu de dire ? J’ai perdu la mémoire ?

Chapitre 1 de Destins liés:
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